Òmero studio // Monia Montali & François Bodeux

WAVERING ABODE

2010

"Séjour où des corps vont cherchant chacun son dépeupleur. (...) Quoi qu’ils cherchent ce n’est pas ça."

"Abode where lost bodies roam each searching for its lost one. (...) Whatever it is they are searching for it is not that."

Samuel Beckett, Le dépeupleur

DURATION

30min

Concept and direction

Monia Montali
François Bodeux

Performance

Meytal Blanaru

Sound composition

Miquel Casaponsa

Choreography

Monia Montali

Light and scenography

Francois Bodeux

Production : Òmero
Support : BudaKortrijk, Wp Zimmer, Pianofabriek

Premier volet de la trilogie Beckett, Wavering Abode s’inspire librement du Dépeupleur. Dans ce court texte y est décrit l’intérieur d’un cylindre clos où séjournent des «corps» occupés par une constante et indéfinie recherche. Beckett travaille ici sur le principe d’une «mise en laboratoire», d’une observation, jusqu’à l’épuisement, des variations d’une situation donnée. En ressort l’image d’une foule ne trouvant son salut que dans une profonde solitude.

Sur scène, un corps s’extrait d’une matière noire et poussiéreuse. Une lumière basse et rasante laisse émerger une figure en voie de composition, tel un golem à la recherche de sa propre forme. L’environnement, régulièrement traversé par des variations sonores et lumineuses, laisse présager d’un système réglé par la répétition immuable de ces variations. De la même manière, le corps y est régulièrement soumis : sa déambulation, ses états d’immobilité, de repos et de révolte, suivent sans relâche le rythme de cet écosystème.
Comment ce corps peut-il s’affirmer, trouver sa place face à un environnement si hostile ?

The first part of the Beckett's trilogy, Wavering Abode, freely takes inspiration from The Lost Ones. This short text describes the interior of a closed cylinder in which «bodies» spend time occupied by a continuous and undefined search. Here, Beckett's work is based on the principle of a «laboratory setting», observation to the point of exhaustion of the variations of a given situation. The image that comes out of this is of a crowd that can only find salvation in profound solitude.

On stage, a body works its way out of a black, dusty matter. A low, raking light allows a figure to emerge while in composition, like a golem seeking its own form. The environment, regularly run through with variations in sound and light, predicts a system governed by the unchanging repetition of these variations. Similarly, the body is regularly subjected to it: its movement, its states of immobility, rest and revolt, unceasingly follow the pace of this ecosystem.
How can this body assert itself and find its place when faced with such a hostile environment?

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Entre 2010 et 2018, nous avons travaillé à partir des derniers textes en prose de Samuel Beckett ('Le dépleupeur', 'Compagnie', 'Mal vu mal dit').

Ce sont des textes assez insaisissables, qui ne se prêtent pas à une stricte transcription scénique. Ce qui nous a intéressé, ce sont les ouvertures que ces textes proposent, leur capacité à esquisser une cartographie de forces et de formes qui s'entrechoquent à d'autres imaginaires, que nous puisons essentiellement dans les arts visuels.
En usant des motifs de la solitude, de l’errance, de l’action inachevée ou de la mémoire défaillante, l'écriture de Beckett nous rappelle ici combien nous restons fragiles et démunis face à notre désir de toujours vouloir tout saisir, comprendre et contrôler.

Sur scène, dans les trois volets, des figures aux actions minimales évoluent dans des espaces confinés et dépouillés. Envers et contre tout, elles tendent vers un possible laisser-être, transforment leur condition dans une forme d’apaisement intérieur, et parviennent in fine à s’inscrire dans un paysage bien plus vaste que celui de leur étroite apparence.

Between 2010 and 2018, we worked on Samuel Beckett’s last prose texts (The Lost Ones, Company, Ill Seen Ill Said).

These somewhat elusive pieces do not lend themselves to literal stage transcription. We were interested in the possibilities of these texts and their potential to outline a map of forces and forms colliding with other imaginary worlds, which we draw essentially from the visual arts.

Beckett’s writing, with its themes of solitude, wandering, unfinished action, and failing memory, reminds us of our fragility and helplessness in the face of our desire to capture, understand, and control all things.

In the three parts of the play, figures performing the most minimal actions evolve in confined, uncluttered spaces. Against all odds, they work towards a possible ‘letting-be’, changing their condition to achieve a form of inner peace and ultimately finding their place in a vaster landscape than that of their limited appearance.